Quelques semaines après notre voyage en Silicon Valley, j’ai de beaux souvenirs qui resteront marqués longtemps dans mon esprit. Et surtout, cette prise de recul m’a permis de retenir 6 leçons de ce formidable voyage.
J’expliquais la semaine dernière que l’innovation était un véritable art.
Cette semaine, je souhaite revenir sur une notion que j’ai trouvée particulièrement présente aux US : l’usage centric.
Cette notion n’est certes pas originale, ni même nouvelle.
J’ai contribué il y a une dizaine d’années à un projet passionnant où était demandé à l’équipe conseil dans laquelle j’intervenais de « positionner le client au cœur de l’organisation ». Cette mission, qui aurait pu être abstraite avec des concepts théoriques, s’est avérée aboutir à une transformation en profondeur de ladite organisation : le système de rémunération variable de l’ensemble des collaborateurs a été objectivé à l’attention et à la satisfaction clients, les collaborateurs ont été formés et les pratiques d’entraides inter-équipes valorisés.
Pour autant, ce « centrage client » arrivait en correctif d’une situation qui avait dérivé et n’était pas encore de l’empathie client.
Aujourd’hui, nous utilisons de plus en plus la logique de « persona » pour justement se mettre à la place de nos clients et/ou de nos utilisateurs. Cet exercice fort intéressant nous est pour autant difficile et nécessite une batterie d’« ice breakers » pour faciliter notre lâcher-prise !
A San Francisco, le centrage usage est à l’origine même de la création de toute société. C’est parce qu’un besoin ou une problématique est constaté qu’un entrepreneur crée une offre et une entreprise pour y répondre.
Nous avons eu l’honneur d’être reçu par Robert Reed (que vous avez déjà entendu si vous avez visionné le film Demain de et avec Mélanie Laurent). Robert Reed est fils d’éboueur et a débuté sa carrière aux côtés de son père. De fil en aiguille, il a gravi les échelons et est devenu patron de sa société, Recology. Une vraie success story à l’américaine.
Suite à des difficultés ayant mise à mal sa société, Robert a décidé de repenser structurellement la gestion des déchets. Il ne voulait plus cautionner l’enfouissement des déchets dans la terre, ou la dispersion dans la mer. Il fallait sauver la planète !
Il a donc fait le constat qu’un 1/3 de nos poubelles étaient occupées par des déchets organiques, et donc compostables.
Il a aussi remarqué que les agriculteurs avaient besoin d’engrais pour stimuler et protéger leurs productions.
Il a donc équipé les foyers, institutions et entreprises de San Francisco de containers dédiés aux déchets organiques et a structuré un circuit de compostage de ces déchets.
Aujourd’hui, grâce à Robert Reed, San Francisco composte 80% de ses déchets organiques !
La question de la proposition de valeur, de la valeur ajoutée relative à l’usage, est donc le préalable à toute démarche entrepreneuriale. Les américains le traduisent également dans la structuration de leurs « pitchs » : « quel est le problème » puis « quelle solution je propose pour répondre à ce problème » et enfin, « quels bénéfices ma solution apporte à cette problématique ».
Cette proposition de valeur, centrée sur l’usage, rend donc leur solution essentielle, incontournable, et unique. N’est-ce pas ce que W. Chan Kim et Renée Mauborgne, les auteurs, recommandent dans leur livre « Stratégie Océan Bleu » ?
Mais alors, quelle est cette logique de valorisation de l’échec par les startupers américains ? que signifie leur « Fail Fast » ? Je vous donne rendez-vous dans les jours à venir pour vous en donner ma lecture.
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